II : La collectivité

par | 14 Mar 2019 | Archives => 2023

Penser l’écart : face à l’implacabilité d’un idéal de perfection

L’Esprit Collectif

La vie m’a mené par monts et par vaux, me laissant parfois pantelant, parfois exalté, toujours fortement décalé. En marge, parfois, encore dans la feuille, la plupart du temps « satellisé ». Toujours en interrogation face aux enjeux du monde… et de l’Esprit collectif. Besoin d’un monde différent, meilleur selon mes critères.

Comment un idéal, le collectivisme, peut-il devenir le pire piège de destruction massive que la planète ait produit ?

Deux grands systèmes politiques ont prôné le collectif avant l’individu. Ce sont les deux systèmes qui ont le plus causé de mort dans toute l’histoire de l’humanité…. le stalinisme et le nazisme.

Oui, il est choquant de faire ce constat. Et pourtant la montée des nationalismes d’aujourd’hui démontre bien que collectifs, idéaux, masse et individus génèrent des extrémismes de tout bord, relativement néfastes à l’individu, donc au collectif.

30 ans plus tard, avec mon partenaire nous travaillons la terre au plus près de notre conscience, de notre intuition et de nos connaissances. Je peux vous dire que nous ne sommes pas épargné par les extrémismes de tout genre. C’est consternant de voir à quel point notre regard d’atypiques dérange, bouscule, exaspère, polarise les incompréhensions et jugements, autant chez certains collègues que chez les consommateurs. Je ne peux que constater que ma réponse, une fois de plus, tend à un idéal de perfection qui, mal géré, devient contreproductif et pourrait facilement virer dans le “…isme”.

10 heures de préparations, 15 versions si tout va bien, pour 5 min d’intervention….. euh, c’est pas très loin d’une certaine réalité.

Retours 30 ans en arrière : Je percevais la planète Terre comme un monde polarisé constitué d’opposés tellement complémentaire exprimés en cycles, diurne et nocturne, en saisons, en couleurs : blanc et noir, etc. Monde temporalisé et spatialisé, monde de rythmes, monde de tous les excès. Monde des flux, des dynamismes et de beauté. Monde de complémentarité. Lieu qui me porte, supporte, monde qui m’a produit en tant que vivant.

Je fus vite “mis à mal” face à toute cette multitude de possibles. Exigences personnelles de perfection, couplées à un altruisme débordant lié à une empathie incomplète qui me poussait vers un esprit de sacrifice. D’autant que ma conscience du sens commun était très développée. Mes besoins d’idéaux se sont rapidement focalisés autour d’enjeux collectifs.

La collectivité et ses idéaux

Définissons-en les contours;

Collectivité : Ensemble, généralement assez dense, d’individus groupés naturellement ou rassemblés pour une certaine durée par des sentiments, des intérêts, des droits ou des devoirs communs perçus comme distincts de ceux des individus qui le composent et tendant à s’exprimer dans une organisation commune.

Dans cette définition, deux paramètres me semblent essentiels :

  • Groupement de personne rassemblé en une entité qui s’oppose à
  • l’individu en lui-même qui bien que la constituant en est une entité autonome.

Très rapidement, enfant, j’ai perçu cette multitude qui, connectée, exprimait une unité. Entrer dans une forêt était magique, je voyais les arbres connectés par des Arcs en Ciel. Je me promenais sous une voute faite d’une myriades de couleurs. Je percevais les liens, il était évident que l’arbre communiquait autant dans et part le sol que dans et part les airs. Je voyais les échanges sous forme de flux de couleurs, de bulles de bonheur, la vie qui co-créait. Je percevais les symbioses sans pour autant pouvoir les nommer. D’ailleurs pourquoi les nommer cela allait de soi. Je ne réalisais pas que “les autres” ne voyaient pas comme moi.

moisissures

Je percevais la simplexité du système, juste des symbioses, collaborations, échanges, flux générant de la beauté mais aussi de la destruction, de la putréfaction, des moisissures, qui en y regardant de près était d’une beauté toute aussi extraordinaire. J’aimais observer ces systèmes et leurs organisations. Je n’y voyais pas la loi d’un “plus fort”, j’observais de l’intelligence dans les systèmes. J’observais de la beauté et des équilibres. J’observais de l’entraide, de l’implacabilité, de l’efficacité. C’était magique. La vie nourrissait la vie.

En parallèle, mon regard se portait sur les humains, et je percevait le potentiel du système symbiotique et fonctionnel, mais tellement peu et mal développé. Humains, si semblables et cependant tellement différents. J’identifiais bien les notions d’individualité et de collectivité. Je ne décodais pas ce qui se passait. L’efficacité du collectif perçu dans la nature comme une évidence, ne fonctionnait pas avec les humains. Ne comprenant pas pourquoi les humains s’en privaient, je me suis dit que je ne devais pas appartenir à ce monde. Et pourtant.

Revenons à aujourd’hui

Discours et collectivité

Les discours autant politiques, qu’économiques, qu’écologiques ou moraux interpellent notre responsabilité face au collectif. Ils nous demandent de nous engager pour le bien commun, nous culpabilisant d’être trop égoïstes, trop individualistes.

Nous baignons, pour ce qui est de la culture judéo-chrétienne, depuis 2000 ans dans une culture du sacrifice. Le message est tellement bien intégré et intériorisé que nous avons cessé de nous interroger… sauf peut-être quelques personnes atypiques.

En parallèle, mon regard se portait sur les humains, et je percevait le potentiel du système symbiotique et fonctionnel, mais tellement peu et mal développé. Humains, si semblables et cependant tellement différents. J’identifiais bien les notions d’individualité et de collectivité. Je ne décodais pas ce qui se passait. L’efficacité du collectif perçu dans la nature comme une évidence, ne fonctionnait pas avec les humains. Ne comprenant pas pourquoi les humains s’en privaient, je me suis dit que je ne devais pas appartenir à ce monde. Et pourtant.

L’exigence permanente du don de soi au profit du collectif produit un collectif de plus en plus déshumanisé et déshumanisant.

Fabrice Midal

Cela ne remet pas en cause le bien commun mais bien “comment” on y parvient. La possibilité d’une véritable politique éthique repose sur des individus libres et conscients de leur liberté. En un mot non culpabilisés par un collectif “normosant”.

Je n’ai jamais lâché le morceau, bien que celui-ci se soit déployé d’abord au travers d’un perfectionnisme non connu, non maitrisé, inhibant tout en partie mon potentiel relationnel.

Perfectionniste ? Comment ça

I : L’origine

  • J’ai ressenti un décalage entre mes perceptions et les retours donnés.
  • J’ai découvert que mes attitudes et prises de position provenaient certainement d’attitudes perfectionnistes au cube….
  • Ce qui m’a mené à nommer mon incompréhension du monde
  • Ce qui m’a permis de ressentir à quel point le bien commun et le monde m’importe

II : le collectif

  • Ce qui a entrainé mon esprit vers la notion de collectivité.
  • S’est imposé le besoin d’aborder par la bande les systèmes politiques qui ont mis au centre le collectif plutôt que l’individu
  • Faisons une petite incursion dans notre culture (à savoir que j’ai fait une demi-licence en théologie, bien que pas baptisé… j’avais “juste” besoin de comprendre la force de la Parole judéo-chrétienne, culture à laquelle j’appartiens).
  • Ce qui ouvre à la notion de sacrifice, donc d’empathie.

Pour moi, dans cette succession, tout est cohérent mais demanderait sérieusement à être approfondi, car je ne suis pas sûr que mon propos soit bien compris, il est “tellement” superficiel…. CQFD

Je ne ressens aucune prise de tête, juste un état naturel avec un besoin d’intégrité doublé d’une curiosité réelle. Le moteur, juste le bien commun dans le sens de permettre “au collectif” par la compréhension de s’ouvrir à des attitudes individuelles davantage conscientes….ce qui par corollaire permet au monde d’être plus fluide, élément qui me met en joie.

Vient l’empathie, troisième volet de cette série sur l’implacabilité de l’idéal de perfection